Le doctorant en médecine à l’université Joseph-Ki-Zerbo, certifié en diplomatie sanitaire et sur les expériences du développement de la Chine pour les pays francophones d’Afrique, Franck Aimé Guissou a accordé un entretien à Lefaso.net. A travers les échanges, il a apporté des éclairages sur la thématique de la diplomatie sanitaire. Il a également donné quelques conseils à ceux qui souhaitent être des diplomates de la santé.

Lefaso.net : C’est quoi la diplomatie sanitaire ?

Franck Aimé Guissou : La diplomatie sanitaire est une discipline médico-diplomatique qui consiste à négocier, plaider et influencer au bénéfice de la santé.

Quelle est l’intérêt de la diplomatie sanitaire pour un pays, et précisément pour le Burkina Faso.

Elle est une force participative au renforcement du système de santé d’un pays, et à la création de collaborations scientifiques médicales avec d’autres pays ainsi que de grandes institutions internationales en santé. Elle permet de trouver des investisseurs pour le secteur de la santé.

Pour ce qui est du Burkina Faso, la diplomatie sanitaire peut fortement participer à la création d’opportunités de collaboration scientifiques bilatérale et multilatérale constructives afin d’amener le pays à acquérir à moyen et à long terme sa souveraineté sanitaire à travers la construction d’un système de santé autonome et conséquent.

Comment devient-on diplomate de la santé ?

On devient diplomate de la santé quand on commence réellement à exercer la diplomatie au bénéfice de la santé. Mais pour y arriver, il faut préalablement se former. Il existe des instituts étatiques et privés qui forment sur la diplomatie en général et spécifiquement sur la diplomatie sanitaire. Pour ce qui est de mon cas, j’ai obtenu ma certification en diplomatie sanitaire à l’Institut d’accompagnement des carrières diplomatique et internationale (IACDI) en 2023.

Nous avons aussi l’Institut des hautes études internationales (INEHI) qui forme les diplomates du Burkina Faso et d’autres étudiants qui viennent de plusieurs pays. Au delà de votre parchemin en diplomatie sanitaire, c’est le terrain qui fera de vous un diplomate de la santé. N’est pas diplomate de la santé celui qui a un parchemin en diplomatie sanitaire, mais celui qui exerce véritablement la diplomatie sur le terrain au bénéfice de la santé. C’est le terrain qui fait ressortir vos compétences et affine votre capacité d’influence. C’est en réalité après avoir plaidé pour la santé des étudiants de mon université, l’université Joseph Ki Zerbo auprès de l’ambassade de la République populaire de Chine au Burkina Faso, le 04 Juillet 2023, que j’ai compris que j’exerçais à ma petite échelle, la diplomatie sanitaire. A cette occasion, la République populaire de Chine a par bienveillance et dans un esprit d’humanisme donné un important lot de matériels médico-techniques au bénéfice de la santé des étudiants. Et c’est au vu de ce résultat que j’ai obtenu une subvention de la part de l’ Académie de diplomatie et relations internationales (IACDI) et de l’ADRI pour ma certification en diplomatie sanitaire au sein de L’IACDI comme je vous le disais tantôt. Et cette certification a été patronnée par le Groupe de recherche et d’action en diplomatie et santé (GRADES). De ma petite expérience et au regard des exigences de cette discipline, il me reste encore du chemin à faire et beaucoup à apprendre.

Quelles sont les qualités à avoir pour être un diplomate de la santé ?

Respecter les principes de la diplomatie tout en défendant le bien-être de l’homme à travers la création d’opportunités d’investissement en santé et de collaborations scientifiques médicales. Et surtout aimer ce qu’on fait, car, c’est la passion qui anime l’action. Avoir le bon réflexe de s’approcher des aînés pour mieux apprendre. A cet effet, je m’inspire de la pédagogie d’un grand diplomate du Burkina Faso, à savoir : son excellence l’ambassadeur, Dr Poussi Sawadogo qui est un éminent homme de science et un grand historien de notre pays.

Où travaille le diplomate de la santé ?

Le diplomate de la santé peut travailler dans les institutions étatiques qui traitent de la diplomatie ainsi que de la santé (le ministère de la Santé et celui des Affaires étrangères). Il peut travailler pour les institutions de recherche en science de la santé, les hôpitaux, les laboratoires pharmaceutiques ainsi que les grandes firmes pharmaceutiques. Il peut exercer dans les instances internationales comme l’OMS, L’UNICEF…Il peut négocier auprès de potentiels partenaires de profils divers pour des investissements dans le secteur de la santé. Toutes les circonstances de négociation et d’influence au bénéfice de la santé requierent les compétences du diplomate de la santé.

Un conseil à donner à ceux qui veulent s’investir dans la diplomatie sanitaire ?

A mon humble avis, Il faut d’abord aimer son pays, sa nation, sa patrie, parce que le diplomate doit savoir à tout moment défendre et promouvoir son pays dans ses compétences et ses potentialités. Etre passionné de la recherche de solutions pour améliorer l’offre de soins de santé nationale et internationale auprès des partenaires et dans les instances internationales. Je terminerai en disant aux agents de santé que l’acte médical va bien au-delà du cadre de l’hôpital, et que chaque plaidoyer au bénéfice de la santé est un espoir de guérison pour le patient.

SB
Lefaso.net