En fin de visite au Burkina Faso, première étape de sa tournée au Sahel, le secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), Jagan Chapagain, a accordé, dans la soirée du vendredi 2 août 2024 à Ouagadougou, une interview exclusive à votre journal en ligne Lefaso.net. Dans cette interview, il fait le point de sa visite. Lisez-plutôt !

Lefaso.net : Vous entamez une tournée au Sahel en commençant par le Burkina Faso, dans quel cadre se situe cette visite ?

Jagan Chapagain : Effectivement, je suis en tournée au Sahel, une région qui fait face à de multiples défis qui nécessitent une attention particulière. J’ai démarré ma mission au Burkina Faso, afin de voir les activités menées par la Croix-Rouge burkinabè et comment la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) collabore avec elle pour répondre aux défis humanitaires qui se posent dans le pays. Au cours de ma visite, j’ai eu l’opportunité de rencontrer certaines autorités gouvernementales, dont le Premier ministre, avec qui nous avons discuté des défis humanitaires dans la région et dans le pays, et des perspectives que nous avons au niveau de notre réseau sur ces questions. Cette rencontre m’a également offert l’occasion de leur réaffirmer notre engagement à renforcer le partenariat que nous avons avec la Croix-Rouge burkinabè afin de répondre plus efficacement aux défis humanitaires dans le pays.

Justement concernant votre rencontre avec les autorités gouvernementales, de quels sujets avez-vous discutés avec elles ?

Comme j’ai eu à le mentionner, avec les autorités, nous avons eu à parler de la situation humanitaire et le travail que mène la Croix-Rouge burkinabè dans le pays. C’était aussi l’occasion pour moi de réaffirmer mon engagement et celle de mon organisation auprès des autorités, à soutenir les efforts inlassables de la Croix-Rouge burkinabè, qui d’ailleurs se focalisent strictement à répondre aux besoins humanitaires des communautés. Mais au-delà de ces aspects, nous avons eu l’occasion d’aborder aussi les questions sanitaires et c’est d’ailleurs dans ce cadre que s’est située ma visite au centre d’appel d’urgence du CORUS, mis en place par le ministère de la Santé et appuyé par la Croix-Rouge burkinabè. Nous avons échangé sur divers autres sujets. Entre autres, nous avons eu à discuter des chocs climatiques et comment ils affectent la vie des communautés, en fragilisant leurs moyens d’existence.

La question des jeunes a été également au cœur de nos discussions, notamment la question de leur engagement dans les questions humanitaires et comment, nous pouvons mieux les renforcer afin qu’ils soient de véritables agents de changement ; ils peuvent constituer une force pour contribuer à mieux répondre aux besoins humanitaires qui se posent dans le pays. Et le dernier point que nous avons eu à évoquer, c’est la question des personnes déplacées internes et comment la Croix rouge burkinabè travaille à apporter son soutien à ces personnes.

A l’instar des autres pays du Sahel, le Burkina est confronté à plusieurs catastrophes, notamment les inondations, l’insécurité alimentaire, les vagues de chaleur, le changement climatique, etc. Qu’est-ce que votre organisation fait et comment elle soutient la Croix-Rouge burkinabè dans la réduction des vulnérabilités ?

Notre mode opératoire partout dans le monde, c’est de travailler avec les sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Ici au Burkina, nous travaillons avec la Croix-Rouge burkinabè. Donc, nous n’imposons rien et notre rôle auprès des sociétés nationales, c’est d’apporter notre soutien à leurs programmes, à travers notamment des appuis techniques et financiers. Nous leur apportons également notre expertise qui leur permet de mieux répondre aux défis qui se posent au niveau global et dans leur contexte, et de mettre en place des programmes qui répondraient, au mieux, aux besoins des communautés.

On sait que votre organisation fait déjà beaucoup pour le Burkina Faso, mais les défis restent énormes. Est-ce qu’en termes de soutien, vous prévoyez d’augmenter le portefeuille ?

Bien sûr, nous allons mettre à l’échelle l’appui que nous apportons à la Croix-Rouge burkinabè, afin qu’elle puisse être en mesure de faire face aux besoins qui changent et qui évoluent et de pouvoir répondre rapidement et efficacement à des situations de catastrophes qui se posent dans le pays. Et pour cela, nous avons des mécanismes en la matière.

A titre d’exemple nous avons le DREF (le fonds d’urgence pour les réponses aux catastrophes) mais au-delà de cela, nous avons d’autres mécanismes, comme par exemple ceux liés au climat et à l’action anticipatoire qui visent à donner des moyens aux sociétés nationales afin qu’elles mettent en place des mesures visant à réduire l’impact des catastrophes et de s’attaquer à la racine, aux problèmes issus du changement climatique. L’autre point important, c’est notre engagement indéfectible à renforcer tous ces paquets pour développer les sociétés nationales, y compris la Croix-Rouge burkinabè.

Après avoir discuté avec les acteurs et constaté de visu les activités, quelle appréciation faites-vous du travail qui est fait sur place ?

Je suis impressionné par le travail effectué par la Croix-Rouge burkinabè. Il y a des secteurs qui ont particulièrement retenu mon attention, notamment son ancrage communautaire, mais également cette facilité à pouvoir s’engager avec les communautés pour définir ensemble des programmes et solutionner des situations, en mettant l’accent sur la résilience et l’autonomisation. Un autre fait important, c’est cette volonté à pouvoir travailler avec la jeunesse sur des questions humanitaires. Je salue ici, l’énergie et l’altruisme des volontaires et des jeunes qui sont des éléments clés de succès mais également le niveau d’intégrité de la société nationale qui permet de faciliter le travail de plaidoyer et de la mobilisation des ressources.

Quelles sont les perspectives de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) au Burkina Faso au regard du contexte actuel ?

D’un côté, il y a les besoins humanitaires qui sont là et qui sont de plus en plus croissants et de l’autre côté, nous avons la Croix-Rouge burkinabè. Notre rôle en tant que Fédération, c’est de renforcer notre soutien à la société nationale afin qu’elle puisse faire plus et mieux par rapport à ces besoins humanitaires qui évoluent et de l’aider à bâtir des communautés plus fortes et plus résilientes. C’est à ce niveau que nous allons mettre l’accent.

Quel dernier mot avez-vous à l’endroit des populations burkinabè ?

J’ai un message particulier à adresser à la jeunesse, parce que nous vivons dans un contexte difficile, et face aux difficultés de la vie, elle peut perdre espoir. Et malheureusement, les difficultés ne peuvent pas manquer, c’est pourquoi j’aimerais inviter les jeunes, à transformer les difficultés auxquelles, ils sont confrontés, en opportunités, afin d’en tirer le meilleur parti, en essayant de mettre en avant des valeurs comme l’intégrité, l’engagement, la détermination, et la confiance en soi

Interview réalisée par Yvette Zongo
Lefaso.net