Ce week-end des 6 et 7 juillet 2024 est celui des sommets au relent de rivalités, avec à Niamey, le premier sommet des présidents de l’Alliance des États du Sahel (AES), samedi, 6 juillet 2024, et à Abuja voisine, celui des chefs d’Etat de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dimanche, 7 juillet 2024. Deux sommets de haut niveau, plusieurs implications.

Deux pays voisins, Niger et Nigeria (donc capitales voisines) aussi proches dans les appellations que loin l’une de l’autre par les acteurs, l’ “idéologie”, les perceptions… Pourtant, le sommet de la CEDEAO est aussi annoncé comme celui d’un va-tout pour essayer de ramener les trois dirigeants de l’AES à reconsidérer leur position, en restant dans l’organisation communautaire. Dans ce contexte, l’annonce surprise de la toute première rencontre au sommet des pays de l’AES n’est pas sans commentaire, si elle n’émousse même pas l’espoir de ces dirigeants de la CEDEAO qui croyaient toujours à un retour du Burkina, du Mali et du Niger dans la “grande famille”.

En attendant surtout ses conclusions, on peut relever que le sommet de Niamey vient chapeauter (tradition de la plupart des organisations internationales) une série de rencontres entre les trois pays, à divers niveaux d’acteurs, dont celle des experts de l’AES du 12 au 14 février 2024 à Ouagadougou, suivie de celle des ministres le 15 février.

C’est d’ailleurs au cours de cette dernière rencontre, que le sommet des trois chefs d’Etat a été annoncé.

Mais depuis lors, c’était le silence radio (du moins, pour les rencontres d’un certain niveau), à telle enseigne qu’en marge de leur participation à la 15e Session de la Conférence de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), les 4 et 5 mai 2024 à Banjul, en Gambie, les ministres en charge des Affaires étrangères du Burkina, du Mali et du Niger ont eu des échanges sur les perspectives à court terme « pour donner un nouvel élan à la dynamique de l’AES ».

« Ce que nous avons fait jusque-là fascine le monde et nous devons encore faire preuve de persévérance en posant des actes concrets, pour ne pas donner raison à ceux qui ont une idée pessimiste de notre Alliance », a dit le ministre nigérien en charge des Affaires étrangères, Bakary Yaou SANGARE à l’entame desdits échanges, suivi par son homologue burkinabè, Karamoko Jean-Marie Traoré, qui a soutenu que « nous avons commencé avec une cadence que nous devons maintenir, à travers des signaux qui permettront à l’opinion de savoir que la dynamique AES est réellement en marche ».

A cinq mois de la prise d’effet du retrait de la CEDEAO (selon les règles de l’organisation, les pays de l’AES ayant parlé de retrait sans délai,), ce sommet du 6 juillet, et sous réserve que la dynamique de retrait soit maintenue, l’on devrait voir l’accélération de la mise en place de certaines recommandations formulées par cette réunion des ministres du 15 février à Ouagadougou, surtout celle liée à la mise en place d’un cadre de concertations en vue de gérer les implications liées au retrait sans délai de la CEDEAO et l’élaboration des projets et protocole additionnel relatifs à la répartition et aux compétences entre la Confédération et les États.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net